Viser le sommet avec Matthieu Gautheron 

Membre de l’équipe d’escalade lors de ses années à l’IUT, Matthieu œuvre désormais à la conception du Mandrill, un “singe” robotisé capable d’élaguer des arbres encore sur pied. Découvrez dans cette interview le parcours inspirant de ce passionné d’électronique et de hauteurs, qui ne recule pas devant les challenges ! 

Pouvez-vous nous présenter votre parcours professionnel ?

J’avais fait un bac technologique STI2D, option Energie et Environnement. Ça me plaisait moyennement, et j’avais le sentiment de m’être fermé des portes – j'ai choisi le DUT MP pour revenir à quelque chose de plus général. Habitant Chalon, l’IUT du Creusot a naturellement été mon premier choix.  

La première fois que j’ai mis les pieds au Creusot, c’était pour la journée portes ouvertes de l’IUT, et il a plu du matin au soir. Ce n’était pas très vendeur, mais j’ai persévéré ! Les premières semaines d’autonomie ont été difficiles, j’ai dû apprendre à me débrouiller pour les repas, à m’organiser par rapport aux cours...mais finalement, j’ai pris mes marques et tout s’est bien passé. 

J’ai apprécié la polyvalence du DUT MP, qui m’a permis aussi bien de découvrir de nouveaux domaines que d’approfondir ceux que je connaissais déjà. C’est comme ça que j’ai peu à peu compris les bases des nouvelles technologies, et que j’ai trouvé mon domaine de prédilection : l’électronique. L’IUT a par ailleurs été une bonne passerelle pour entrer à l’université, en me permettant de me remettre à niveau là où j’avais un peu de mal – en maths, par exemple.  

Parmi les souvenirs qui ont marqué mon passage à l’IUT, il y a bien sûr le challenge Mesures Physiques. Lors de ma deuxième année, celui-ci se déroulait au Mans, avec une série de mesures liées à l’automobile. Avec mon groupe, nous avions conçu un dispositif pour mesurer l’opacité d’un gaz, grâce auquel nous avons remporté le prix de la meilleure mesure en extérieur. J’avais beaucoup aimé ce challenge, et encore aujourd’hui, j’aime bien savoir quelles sont les épreuves de l’année, et prendre des nouvelles des participants.  

De manière générale, je garde un bon souvenir de l’IUT : l’ambiance était sympa, le campus suffisamment petit pour que tout soit à portée de main, et le corps professoral vraiment à l’écoute. Les mercredis soir, je faisais de l’escalade avec le BVE, ce qui m’a permis de sympathiser avec des étudiants d’autres formations. Les associations étudiantes étaient aussi très actives, et organisaient de nombreux événements : Gala de fin d’année, sorties au ski...Si de l’extérieur, l’IUT du Creusot peut sembler peu actif, il est en réalité très vivant lorsqu’on s’y investit. 

Après mon DUT, j’ai intégré l’Université Savoie Mont Blanc, au campus du Bouget-du-Lac à côté de Chambéry. J’y ai fait une L3 électronique systèmes embarqués, puis un master dans le même domaine. Ce n’était honnêtement pas gagné à mon entrée à l’IUT ! Je ne faisais pas partie des premiers de ma promo, j’étais même plutôt dans le bas du classement - à l’époque, j’avais surtout comme objectif de valider mon DUT. Mais j’ai persévéré, et avec le soutien des enseignants et des autres étudiants, j’ai eu mon diplôme, et l’envie d’aller plus loin. Après mon master à Chambéry, je suis finalement revenu dans le coin, pour travailler à Montcenis. 

Et maintenant, où en êtes-vous ? 

Je suis développeur système chez Derisys, une entreprise de systèmes embarqués pour véhicules. C’est une PME d’une dizaine de personnes, et fait rare pour une entreprise de cette taille, nous maitrisons la chaine de production de A à Z : la conception, la production et l’installation. 

J’avais validé mon master en 2020, en plein dans la période COVID. L’entreprise où j’avais fait mon stage de fin de M1 et mon alternance de M2 était alors en difficulté, et ne pouvait pas me garder. C’est là qu’un de mes amis de GEII m’a prévenu que son patron cherchait quelqu’un pour prendre en charge un projet de robot élagueur. C’est comme ça que j’ai intégré Derisys. L’entreprise rassemble de nombreux anciens étudiants de l’IUT : plusieurs GEII, un GMP, et moi, un MP. On prend aussi régulièrement des stagiaires et des alternants.  

Le projet “Mandrill”, sur lequel je travaille depuis 3 ans, peut surprendre car il a peu de rapport avec l’activité principale de Derisys. L’origine de ce projet, c’est une discussion qu’a eu M. Petit avec des chauffeurs grumiers (transport de troncs d’arbres). Il s’est rendu compte que dans les plantations d’arbres, l’élagage sur pied se faisait encore à la main. Or, c’est cette coupe prématurée des branches qui permet d’obtenir un beau bois sans nœud, privilégié par exemple pour l’ameublement. Il a alors décidé de créer un robot élagueur. 

J’ai rejoint Derisys alors que le projet Mandrill n’était qu’une forme 3D du robot sur l’ordinateur. Aujourd’hui, nous avons un prototype fonctionnel, que nous avons présenté à l’EuroForest 2023. Il reste des challenges, comme l’allègement du robot, mais nous avons honnêtement énormément progressé. C'est très intéressant de travailler sur un projet aussi innovant et technique. La prochaine étape, c’est l’ouverture d’une nouvelle structure, pour commencer à commercialiser le Mandrill. Nous allons bien sûr continuer à faire évoluer le robot en fonction de la demande, et nous recrutons actuellement une équipe dédiée. 

Au-delà du projet, j’apprécie beaucoup de travailler pour une petite entreprise ; on ne reste pas cantonné à une seule tâche, on touche un peu à tout et c’est très enrichissant. 

À qui recommanderiez-vous le BUT MP ? Et que conseillez-vous aux étudiants actuellement à l’IUT ? 

Je recommande le BUT MP aux lycéens qui s’intéressent à la technologie, et qui aimeraient comprendre les bases sur lesquelles elle se fonde. C’est aussi une bonne formation pour ceux qui souhaitent travailler dans la recherche, ou développer de nouveaux produits. Plus simplement, c’est une formation que je vous recommande si vous êtes curieux, et que vous avez envie d’ouvrir vos horizons en découvrant des domaines variés. 

Pour ceux qui sont déjà étudiants en BUT MP, je vous conseille de travailler en groupe, et de ne pas rester seul dans votre coin, car on peut vite être dépassé par la charge de travail. Personnellement, réviser avec des amis, refaire les démonstrations avec eux, m’a énormément aidé à progresser.